samedi 22 septembre 2012

Les Dits du vent



(Véridique Récit de Voyage)


Il fait un vent de calabre, de mât de misaine,
un esprit qui souffle là où on ne l’écoute.
Les autres (toujours) sont allés se coucher
fatigués
les uns des autres et d’eux-mêmes sûrement
Nous arrivons au point limite (mais toujours latent)
où nous ne trouvons (plus) rien à nous dire
où chaque histoire tourne à vide sur elle-même et
se complaît en ses habitudes
indépassables
ornières de la langue, de la pensée
curiosités abolies en silence
C’est ce qui guette au bout de la vacance
se retrouver face à soi
et ou se dire ou se taire
Finalement, se taire
et se terrer.
Ne pas se rencontrer,
ne pas chercher à savoir
au-delà
en-deçà
de l’indicible
vivre, ce n’est rien de tout ça,
de ces gestes mécaniques
qui font la prison
de l’ennui des jours
Il faudrait des fracas
pour réveiller les morts en nous
faute de se susurrer
la douceur
des histoires de soi
les mystères
ce qu’on ne sait pas dire
et qu’on dit, dans le demi-secret de la pénombre
l’insolite de soi qu’on découvre au fur et à mesure qu’on le dit
Ne m’entravez ni d’ordres ni de règles
ni de raison déraisonnable
ni d’injonction à la décence
à la retenue chiche et pingre du dire de soi
Que se débonde la parole trop tue
qui fait les bouches pincées en cul de poule
et le verbe trop casanier et avare de substance
la parole est de sperme autant que de sang qui bout
de chair qui bat comme un volet au vent
sur le mur de la chair désirée
des corps frôlés maintenus hors d’atteinte :
Nous avons à connaître.
Ce qui ne nous regarde pas
qui nous épie en coin
nous hume à distance plutôt que
nous flairer à pleine peau
au cœur des replis mystérieux

Nous restons aux abords de l’abîme
interdits
affublés de haillons prétentieux et misérables
et se tarit la parole
de l’un à l’autre
si elle cèle le secret la parole se vide
de sa substance de désir
il ne reste que des mots occasionnels de circonstance
différés,
remis à jamais
la fièvre les gonfle et les éteint
si on n’est pas prêt à tout dire
on ne dit rien
que du sur mesure
l’ennui
et chacun part seul se coucher
en vain.
Et la vie répète son silence

1 commentaire:

  1. Parler donc est si difficile, si c'est chercher... chercher quoi ?
    Une fidélité aux seuls moments, aux seules choses qui descendent en nous assez bas, qui se dérobent, si c'est tresser un vague abri pour une proie insaisissable...

    Si c'est porter un masque plus vrai que son visage pour pouvoir célébrer une fête longtemps perdue avec les autres, qui sont morts, lointains ou endormis encore et qu'à peine soulèvent de leur couche cette rumeur, ces premiers pas trébuchants, ces feux timides - nos paroles : bruissement du tambour pour peu que l'effleure le doigt inconnu...

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