lundi 24 janvier 2022

L'amour au commencement

 

Tous les lendemains. Ça commence chaque jour, dans les secondes de chaque jour, dans les interstices de la vie ordinaire.

Le premier soir, la première nuit, ça ne compte pas : c’est facile.

Le vertige de tes yeux noirs. L’enchantement de ton visage, inconnu familier, mon cœur se gonfle et je voudrais le contempler encore et encore. Les promesses de ton sourire, ce bonheur qu’il me reconnaisse, qu’il me choisisse, entre tous. Les joies annoncées de ton corps, te découvrir, te voir, entière.

Le moment où nos lèvres s’effleurent. S’entrouvrent, se joignent et nos âmes se mêlent. Ta voix, qui m’attend, qui m’accepte.

Notre première nuit. Torrent. Tempête. Apaisement : nous ne sommes plus seuls sur la Terre.

Et pourtant ce n’est pas là que ça commence. Nous ne nous sommes pas encore rencontrés. Seulement, deux amants inconnus qui se plaisent. Ça ne suffit pas à faire une histoire. Le plus dur, le plus beau, le plus incertain reste à venir.

Quelle belle découverte que ta brosse à dents à côté de la mienne. Tu dors encore. Je te regarde, belle inconnue. Je ne sais rien des contrées de toi à découvrir. Sourire, à ce voyage. Au désir de cette exploration : je vais partir à l’aventure de qui tu es. Je ne le saurai jamais. Ce sera notre mystère. Notre défi. Je t’apercevrai dans les détails de ta vie.

La brosse que tu as laissée sur la commode. Le chemisier blanc tout imprégné des parfums de ta peau. Le livre ouvert à la page où tu as arrêté ta lecture. Tout ce que je ne sais pas de toi. Tout ce que tu montreras de toi. La maison de ton enfance, le quartier où tu as joué, l’école où ton enfance a fait ses premiers pas.

Je vais apprendre le monde comme tu le vois. Ce que tu en détestes, les choses qui te mettent en colère, celles qui te rendent heureuse. Je vais gagner un monde, une autre façon d’être à la vie. Ta vie. La mienne.

vendredi 21 janvier 2022

fucking day

 

La journée commence par ne pas commencer je suis dorming dans mon pageot et j’ai aucune envie d’en sortir fucking day se lever a toujours été un problème pourquoi interrompre un sommeil qu’on va reprendre quelques heures plus tard la vie éveillée n’est qu’une pâle série d’intermèdes entre des plages de rêve il faut y aller boy “come on” je la joue “ Marines “ Go- go- go go 1ére section à la préparation du café 2émé section à l’assaut de la salle de bain shit ils ont pas suivi ça traîne du côté de la table ça ronronne à l’ingestion du liquide brûlant une douce somnolence my God pourquoi aller affronter l’ininterêt exténuant de la vie sociale convoquez-moi les récalcitrants yes sir alors mes gaillards on rouscaille on tire au flanc no sir alors enfilez-moi vos uniformes et prenez-moi cette colline d’assaut staight right sur le monde

cesser de penser de ressentir supporter les gifles répétées de la douche s’habiller avec la tenue coercitive du rôle social pas les tissus flottants du bien être mais pantalon chemise chaussures ajustés qui fassent sérieux mise à distance de soi et des autres costume de scène qui vient rappeler Mister Bloom que vous êres là pour remplir une fonction vous officiez vous vous effacez derrière votre rôle les clefs dans une main le cartable dans l’autre vous vous enfournez dans ce premier lieu social qu’est la voiture, réseau de codes à respecter conduite à tenir réfréner ses pulsions ne pas trop accélérer il faut se convaincre de redevenir cette créature responsable ce citoyen respectueux du bien public my ass c’est just a capitulation devant la force publique incarnée par les cognes embusqués

 ça y est Mister Bloom est devant la citadelle des murs des grilles et des portes fermées à clef ça va être l’heure d’entrer en scène attendre seulement la sonnerie le signal formaté du départ interpréter le grand rôle du Passeur de Savoir tout en sachant que ce savoir-là débouche en impasse ce n’est pas de ça qu’il faudrait parler ce discours apprêté sur une technique maîtrisée qui serait la littérature bullshits les écrivains dont des alcoolos des camés des paumés des pédés pas tous mais ils n’ont pas écrit pour être morcelés en 4 rangées de 7 bureaux

            Soyons honnête au détour d’une ligne à l’improviste d’un commentaire la parole dérape oublie le carcan disciplinaire accroche l’auditoire et il se passe quelque chose de vrai : des gamins se collètent à leur pratique de la langue font l’experience de la pensée ces fois-là on ressort avec plus d’énergie qu’à l’arrivée

            Il ya des jours où l’on rentre victorieux de la guerre sociale

            Il y a des jours et des jours