lundi 21 septembre 2020

Villégiature

 

                                                           

 

                              Ils ont pris trois jours à Capbreton. C’est sa famille à elle qui leur a offert. Son père leur a dit : « Vous allez voir, c’est le meilleur moment. Les touristes sont partis. Et vous aurez beau temps. »

Ils se sont installés dans un hôtel près de la plage. Ils se sont baignés. C’est vrai qu’il n’y a pas grand-monde. Elle a trouvé l’eau un peu fraîche. Il s’est moqué d’elle, il est allé nager. Ils sont partis en ville chercher où manger. C’est petit, ils ont vite fait le tour. Ça a du charme, ils marchent lentement, main dans la main, entre les maisons, à travers rues, de petites rues tranquilles. Le port du masque gâche un peu le plaisir. Mais c’est comme ça. C’est pareil partout, maintenant. En trois jours, ils n’avaient pas le temps d’aller très loin. C’est la première fois qu’ils partent quelque part ensemble. Ils n’en ont pas parlé, mais ils appréhendent un peu. Le lieu clos d’une chambre d’hôtel. Pas grand-chose à faire. A Joinville, c’est pas pareil, ils ont les copains, ils sont dehors toute la journée, le boulot, le RER.

Mais c’est romantique, quand même, elle a murmuré. De la chambre, ils voient la mer. Le reflet mordoré du soleil sur la mer. On dirait qu’ici, le temps ne bouge pas. Loin de tout.

Ils traversent la place de la mairie, quasi déserte. Ça fait presque peur. A Paris, ce serait noir de monde. Une petite place vide, comme une scène où personne n’oserait s’aventurer. Comme un spectacle qui ne commencerait jamais. Ils croisent quelques personnes, emmasquées elles aussi le plus souvent, mais pas toujours, ce sont eux peut-être les personnages de la pièce, ils jouent sans le savoir, sans connaître l’histoire. C’est une pièce où il n’y a pas beaucoup de dialogues.

Ils arrivent à une terrasse, avec un peu de monde, des rires s’entrecroisent, les gens s’interpellent, avec cet accent qui semble toujours plaisanter. Ils parcourent la carte. Ils ne trouvent rien qui leur fasse envie. Elle a peur qu’il s’ennuie. Elle ne dit rien mais elle sent dans sa main la sienne qui s’impatiente, il a envie de bouger. Ils partent essayer de trouver autre chose. Trois jours, c’est vite passé.