Du grand art ! Même Ionesco et Huxley, pourtant orfèvres en matière de langage n'importe-quoitesque, n'auraient pas fait mieux que cet article de Reporterre :
https://reporterre.net/Sortir-de-l-entre-soi-blanc-neuf-pistes-pour-refonder-le-mouvement-ecolo
Petit florilège du délire "décolonialiste" (et dire que ça prend sur une partie des luttes "de gauche" ...) :
- le but (pour un "blanc"), c'est de "trahir la centralité blanche" : « Il ne faut pas seulement être un allié, mais un traître à la suprématie blanche. »
- Plus besoin de démontrer (beau retour à la foi !) qu'il y a bien agression raciste (et elles ne sont effectivement que trop nombreuses : pourquoi en rajouter ?) : "les personnes racisées n’ont plus à prouver leur expérience, où leur parole n’est plus suspecte",
"le racisme systémique s’entretient aussi par le doute : c’est ce qu’on appelle le gaslighting, cette manière de nier les discriminations vécues — « vous vous victimisez »" : imparable ! Contester l'universalité du racisme ... c'est du racisme ! Bien la preuve que le racisme est universel !
Les décolonialistes réinventent le zèle des chasseurs de "sorcières" du Moyen-Age (sur le mode : La plus grande ruse du Diable, c'est de faire croire qu'il n'existe pas). On est dans la logique paranoîaque, inaccessible aux preuves, enfermée dans sa martyrologie (la preuve qu'on a raison, c'est qu'on est critiqués, moqués, "persécutés" !)
Avec des militants comme ça, on n'est pas sortis de l'auberge !
Que le racisme continue à sévir, c’est ce que toute pensée « progressiste », « à gauche », hostile aux discriminations, fondée sur les idées des Lumières, ne peut que déplorer. Qu’il prenne parfois des voies détournées, dissimulées (« je ne suis pas raciste. Mais ... »), déniées, systémiques et institutionnelles, on en trouverait d’innombrables exemples.
Mais poser le problème en termes essentialisateurs : voir chez le « blanc » (attitude paradoxalement « racialiste » !) un raciste à priori, l’assigner à un rôle de perpétuelle repentance (pour des crimes commis par d’autres : éventuellement, des ancêtres : la « culpabilité » se transmet-elle à travers les générations ?!), et exonérer les « racialisés » (les « non-blancs » : qui existent en tant que catégorie, finalement, sans exister tout en existant ... Quand ça arrange !) de toute responsabilité (de toute capacité autonome de modifier leur situation : s’il y a peu de « non-blancs » dans les luttes écologistes, ça ne relève pas du tout de leur choix, de leurs préférences ? Orientés, inévitablement, par des déterminismes sociaux : comme pour tout le monde), c’est inventer, de manière absurde, un nouveau racisme, tout aussi aberrant, cul par-dessus tête, où l’ex « sauvage » investit la place du Martyr, et l’ex « civilisé » celle du persécuteur éternel et diabolique.
Etrange besoin, toujours, chez les uns comme chez les autres, racistes d’hier et d’aujourd’hui, d’un manichéisme simplificateur, où les camps du Bien et du Mal soient clairement tracés et reconnaissables : dans l’un et l’autre cas, par la couleur de la peau !
C’est être incapable, comme dans toutes les idéologies, de penser la complexité : que les erreurs, les égoïsmes, les violences prédatrices puissent se retrouver dans tous les « camps » (pas forcément à doses égales. Surtout, sans qu’il y ait le moindre profit à tenir une comptabilité des « scores » respectifs dans les records de l’horreur ... Qui ne se « compensent » pas : ils se cumulent.). C’est toujours le camp d’en face, le coupable, et cela légitime toutes les exactions. Pour les Chrétiens, le mal, à éradiquer, était chez le païen, ou l’hérétique. Les communistes se sont complu à dénoncer les turpitudes du monde bourgeois, sources de tous les problèmes : rien à redire, évidemment, du côté de l’URSS, de Cuba ou de la Chine ... L’Iran islamiste attribue tous ses problèmes au Grand Satan occidental, de même que Reagan, bien avant Trump, avait une idée claire de ce qu’était « L’Empire du Mal ».
Retrouver cette logique de désignation de l’autre comme source des problèmes dans des idéologies aussi différentes, voire antagoniques, montre qu’il s’agit d’une stratégie universelle dans la fuite de ses responsabilités, et la fabrication d’une « identité » communautariste : on est ce que l’autre n’est pas. Et on hait ce qu’il est. De ces affrontements stériles, peu d’améliorations à attendre : mais beaucoup de jouissance !