mardi 12 janvier 2016

les voeux du temps



Du temps.
Je voudrais qu’on m’offre du temps.
Te donner mon temps.
Mon souffle. Mon regard.
Recommencer.
Une après-midi sur l’herbe, au-dessus de la mer, dans la lumière blanche des falaises.
Sa robe bleue et son ombrelle. Son regard. Une journée du dix-neuvième siècle. Un ciel clair. L’éternité d’un jour.
L’oubli. Ne plus rien savoir. Ne plus avoir de nom. Ne plus rien reconnaître. Ne rien savoir sur personne. N’avoir que des inconnus autour de soi, ni bons ni mauvais, ni regrets ni espoirs, ni espoirs ni déceptions.
Recommencer chaque jour, dans l’amnésie reposante des jours passés.
Ne pas comprendre. Ne pas s’imaginer comprendre. Avoir sous les yeux le monde nu, désert de signes et de sens.
Un ressac. N’entendre que la répétition mécanique de la mer.
Une page blanche à lire. Vide de signes et de sens.
L’éternité moins un jour. Ton innocence. Nos premiers jours. La veille de notre premier jour. Notre première aube. Ton premier départ. Le désir de ton retour.
Mon souffle. Ton regard.
Des enfants. Le rire perlé des enfants. Des jeux d’enfants. L’innocence du monde.
Le clair soleil d’un premier jour de vacances.
Un rai de soleil sur des perles de rosée.
La rougeur pourpre d’un ciel d’été. La maison, à côté, respire en silence. Il y a seulement des crissements d’insectes.
La première histoire. Le premier livre de contes. Le regard brillant de l’attente, quand l’enfant croit encore que les histoires n’ont pas de fin.
Le premier vélo. Il croit qu’il a tout une planète à traverser. Il s’engage sur la petite route entre les prés. Il entre dans la forêt. Les arbres d’or lui font une couronne de prince.
Quand il ne sait pas encore où mène le chemin.

mercredi 9 décembre 2015

Dépasser la critique naïve et peu constructive des "politiciens"



Les reproches formulés à l’encontre de la classe politique (non sans raison) me semblent buter sur ce point : ils prêtent à l’être humain (comme beaucoup de gens, et beaucoup de politiques dans leur discours) une capacité de pouvoir a priori sur le monde ; c’est une vision idéaliste (au sens philosophique du mot) dont on a montré l’inefficacité en termes de compréhension du réel.
Je m’explique. Croire que les politiques (quels qu’ils soient ; vous, ou moi, demain) puissent (et donc devraient) par leurs décisions supprimer le chômage, la pauvreté, la faim dans le monde ou la guerre, c’est méconnaître les mécanismes complexes qui provoquent et font évoluer ces maux.
D’une certaine façon, c’est paradoxalement rassurant de le croire (et donc de le leur reprocher, de se servir d’eux comme exutoires), puisque ça permet de croire aussi que d’autres hommes politiques (lesquels ?), plus « vertueux » ( ?), eux, réussiraient … Et on espère en Mitterrand, en Obama, en Chavez, etc. Et on est déçus, et surpris, et on râle. Et puis on recommence.
La réalité est beaucoup plus effrayante, et il serait temps de passer à une conscience adulte, où les causes de nos problèmes ne soient pas des « méchants » (Dark Vador !) qu’il faut juste remplacer par des Gentils. Ça s’appelle la conscience politique, et ça passe par une étude des connaissances historiques, sociologiques, anthropologiques … Je sais, c’est long et compliqué. Il est plus facile et rigolo de vilipender Truc ou Machin.
Et donc, oui, en 33, comme en 2002, il se passe des choses, en gros les mêmes : la majorité des gens se détermine (inconsciemment) en fonction de paramètres matériels et « égoïstes » : leur niveau de vie, salaire, coût, espoirs d’évolution, sentiment de sécurité. Quand ces paramètres atteignent un seuil critique, mécaniquement les « bactéries » attaquent l’organe blessé, jouent sur le réflexe xénophobe, identitaire pour essayer de rafler la mise. Ça se faisait déjà du temps de Rome, ou du Haut Empire égyptien !
Ça n’exonère pas Hollande ou Sarkozy, Bayrou, etc. Mais, soyons un peu auto-critiques, ils sont juste comme nous : dépassés, et trop vaniteux et accrochés à leurs avantages pour l’admettre. Les électeurs (nous …) leur demandent de grands discours pleins de rodomontades, papa rassure-nous, yes we can … No, I’m afraid we don’t.
Un peu de courage, que diable, et de lucidité : on ne peut pas à la fois vouloir « moins de dépenses publiques » … et plus de policiers-infirmières, des classes moins chargées ! Moins d’impôt, mais pas moins d’entretien des routes, des trains. Continuer à vendre des armes (et ainsi combler le déficit) et ne pas nous faire tirer dessus avec.
Pour finir, je ne suggère pas dit qu’il n’y aurait rien à faire : déjà, lire sur ces sujets complexes les articles qui renseignent vraiment … (j’en partage pas mal sur ma page Facebook, ces temps-ci) Cesser de réclamer l’arrivée du Père Noël, comprendre la complexité du problème au lieu de se défouler sur des cibles commodes, voir nos propres contradictions (comment un Président, quel qu’il soit, pourrait-il prendre des mesures ? Dès qu’il essaie de le faire, il subit une révolte massive de la partie de la société qui y perd … Ceux qui fantasment la politique semblent croire que « y a qu’à ». Est-ce qu’ils se posent la question : toi président ( !), voyons, tu fais comment pour faire accepter telle mesure ?)
Yes, we have to.
Nécessité de la complexité de nos approches et discours. Ne pas se résigner, ne pas non plus croire béatement aux lendemains qui chantent, ou aux Hommes Providentiels. On a les représentants qu'on mérite ... (veules, opportunistes, intéressés, superficiels : ils nous "représentent" bien ! Et c'est cette moche image de nous que nous ne supportons pas de voir, que nous leur reprochons ...)

samedi 21 novembre 2015

Se tourner vers l'harmonie



Quelques règles. Chercher le bon comportement : celui qui amène le mieux ; évite le pas bon.

Mettre à distance ses émotions. Ne pas les croire. Elles donnent une vision déformée de la réalité. Ou idéalisée : on ne voit pas les défauts, les risques, on sera déçu après. Ou négativisée : les choses plus graves qu’elles ne sont. On prend au tragique ce qui ne l’est pas. Ne pas vouloir enjoliver les choses, ni les prendre au tragique. Les choses ne sont jamais très compliquées, finissent par apparaître plus simples, au retour du calme.
Les émotions fortes ne sont que des tempêtes chimiques dans le cerveau. Ne baser son comportement que sur les moments équilibrés.
Ne pas prendre de décision dans un moment d’émotion : se protéger soi-même de soi-même.
Ne pas écrire ou téléphoner à quelqu'un dans un moment de forte émotion, surtout négative sauf pour demander de l’aide dans un moment difficile) : protéger les autres de soi-même.

Ne pas s’entourer de gens pathogènes : ceux qui nous font ressentir des émotions négatives, ou avoir des comportements nocifs. Même s’ils apportent du plaisir : le plaisir est ce qui fait l’asservissement. Etre capable de renoncer au plaisir, de le différer : devenir maître de soi-même.
Chercher à s’entourer de gens à l’effet positif : qui nous font donner le meilleur de soi, qui font qu’on est bien après les avoir vus.

Identifier et refuser les activités, les comportements, les actes qui nous diminuent, nous abaissent, nous privent de nos forces.
Rechercher et pratiquer les activités, comportements, actes qui nous grandissent, nous élèvent, nous enrichissent.

Chercher l’harmonie. Chercher à retrouver l’harmonie quand elle nous a quitté.
Accepter que les choses soient ce qu’elles sont ; si cela ne nous satisfait pas, se demander ce qui est faisable ; si le but en vaut l’effort, concevoir un projet ; passer à l’action. Accepter que les résultats soient lents, voire l’échec.

S’interdire de blesser quelqu'un, surtout proche, de faire ou dire quelque chose qui puisse être pénible à quelqu'un. Ne pas vouloir contrôler les actes d’autrui : l’autre est souverain dans ses choix, il fait ou ne fait pas ce qu’il veut. Je peux juste souhaiter, le cas échéant demander, mais en prenant garde de ne pas blesser, de ne rien imposer, de n’exercer aucune pression.

Chercher la lucidité : douter de ce qui nous paraît positif, regarder sans crainte ce qui est négatif en nous, insatisfaisant.

Se fixer les objectifs qui nous paraissent souhaitables. Faire le point, voir ce qui a été accompli. S’interroger sur les raisons de ce qui ne l’a pas été.

Chercher ce qui est agréable dans ce qu’on a, tourner son esprit vers l’attitude de le savourer.

Quand notre esprit est dans une phase où il ne peut que se lamenter, voir le négatif, reconnaître l’illusion de l’émotion pathogène, refuser de la croire, débrancher son esprit en attendant qu’il se remette à fonctionner de façon saine, éventuellement le calmer par des activités consolatrices : aller se promener, ou faire du sport, ou lire, écouter de la musique, ou regarder un film, ou dormir, ou tout ce qui détourne l’esprit de son activité maladive et polluante.

Bâtir quand on le peut, quand l’énergie est là, les meilleures conditions pour que le quotidien des jours futurs soit bon et agréable.

Ce sont quelques-unes des règles et des pensées qui peuvent nous aider à vivre moins mal et à vivre mieux ; à ne pas être dupe et victime de ses démons intérieurs ; à ne pas être en guerre avec le monde. A permettre et préserver le mieux possible l’harmonie.

samedi 31 octobre 2015

Notre Petite Soeur, de Kore-Eda Hirokazu