L’un
est multiple et le multiple est un.
Comme un rêve endormi de jungle birmane.
Le cri des singes. Un souffle courbe la forêt de bambous.
Une barque sur le fleuve. Le bruit de l’eau.
La lumière du vide. Odeur d’encens.
Un pas.
Mains ouvertes. Bras ployés : la figure du héron argenté.
Toits verts des pagodes.
Expulser l’air des poumons. Se baigner dans la cascade
glacée.
Oublie ton nom.
Oublie qui tu crois être. Efface les treize façons dont tu
as été nommé.
La simple lueur d’une chandelle.
Deuxième pas.
Se charger de tous les ans. Remonter le fleuve du temps. Retrouver
les visages rencontrés. Se remplir de tumulte. Tambours. Accélérer les
battements du cœur. Jaillir. Etreindre l’air. Griffer le silence. Haïr ses
parents. Ses amis, sa progéniture, ses voisins, l’étranger qui passe.
Mimer la mort.
Trois pas.
Se dépouiller. Oter un à un tous les cris de sa chair. Secouer
la poussière. Ne pas comprendre. Ne pas vouloir. Ne plus bouger. Etre la
montagne. Cesser de respirer. Cesser de croire. Laisser le silence.
Quatrième et cinquième pas.
Inventer la fleur. Voir l’invisible. Regarder la pénombre à
l’intérieur. Imaginer l’autre.
Aucun pas.
Imaginer l’autre. Se renverser en arrière. Ne plus rien
savoir. S’allonger par terre. Le bois colle à la peau. L’odeur de cire d’abeille
emplit le nez. Le bruit des rires d’enfants emplit l’âme.
Ne plus rien savoir. Accueillir l’aurore.
Sixième pas.
Le corps se soulève au-dessus du sol. L’âme se soulève
au-dessus du corps. L’être se soulève au-dessus de l’âme.
Etre vide. Se mélanger aux particules du monde. N’être rien.
Et de ce rien, naître.
Douzième pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ami visiteur, je lirai avec intérêt vos commentaires ...