Du temps.
Je voudrais qu’on m’offre du temps.
Te donner mon temps.
Mon souffle. Mon regard.
Recommencer.
Une après-midi sur l’herbe, au-dessus de la mer, dans la
lumière blanche des falaises.
Sa robe bleue et son ombrelle. Son regard. Une journée du
dix-neuvième siècle. Un ciel clair. L’éternité d’un jour.
L’oubli. Ne plus rien savoir. Ne plus avoir de nom. Ne plus
rien reconnaître. Ne rien savoir sur personne. N’avoir que des inconnus autour
de soi, ni bons ni mauvais, ni regrets ni espoirs, ni espoirs ni déceptions.
Recommencer chaque jour, dans l’amnésie reposante des jours
passés.
Ne pas comprendre. Ne pas s’imaginer comprendre. Avoir sous
les yeux le monde nu, désert de signes et de sens.
Un ressac. N’entendre que la répétition mécanique de la mer.
Une page blanche à lire. Vide de signes et de sens.
L’éternité moins un jour. Ton innocence. Nos premiers jours.
La veille de notre premier jour. Notre première aube. Ton premier départ. Le
désir de ton retour.
Mon souffle. Ton regard.
Des enfants. Le rire perlé des enfants. Des jeux d’enfants.
L’innocence du monde.
Le clair soleil d’un premier jour de vacances.
Un rai de soleil sur des perles de rosée.
La rougeur pourpre d’un ciel d’été. La maison, à côté,
respire en silence. Il y a seulement des crissements d’insectes.
La première histoire. Le premier livre de contes. Le regard
brillant de l’attente, quand l’enfant croit encore que les histoires n’ont pas
de fin.
Le premier vélo. Il croit qu’il a tout une planète à
traverser. Il s’engage sur la petite route entre les prés. Il entre dans la
forêt. Les arbres d’or lui font une couronne de prince.
Quand il ne sait pas encore où mène le chemin.