Ce n’est pas nouveau. Depuis la Préhistoire, que tu les vois passer, tout autour. Devant l’entrée du lycée, comme un benêt, tu regardes, tu les vois. Tout ça reste assez mystérieux. Tu voudrais bien comprendre, tu n’es pas sûr d’en avoir envie, pas sûr que ce soit possible, ni même nécessaire : l’envie quand même de les rejoindre, traverser la vitre ?
Tu as changé de corps, c’est toujours le même ciel plutôt bleu parsemé de nuages, ni grand beau temps ni orage, un entre deux, toujours quelque chose d’intermédiaire, ni Enfer ni Idéal, la vérité avant-dernière : tu ne les rejoindras pas, tu en es à peu près sûr, maintenant Hypothèse : ils existent sur un autre plan de réalité. Dick en a parlé, Sturgeon, aussi, et bien d’autres, donc c’est tout à fait plausible, et tu n’as pas à te justifier.
De temps en temps, dans leur course circulaire, mécanique, ininterrompue, ils se tournent vers toi, ils semblent t’apercevoir, être conscients que tu existes Bien sûr c’est parfaitement impossible
Ils te font un sourire Ça ressemble à un sourire, les lèvres étirées, comme une étincelle dans les yeux. Mais tu sais bien que ça n’est pas vrai, la seconde d’après leur prunelle s’éteint, ils rejoignent leur course aveugle.
Devant le lycée, tu te demandes ce qu’elle sera, ta vie, comment ça sera possible Impossible. Tu es tenté de la rejoindre, tu imagines. De l’autre côté du pont du Temps, tu te regardes les regarder, tu te demandes : ce qu’elle sera, ta vie Ce qu’elle a été
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