Si mon écriture était une couleur, elle serait noire. Invisible. Une deuxième peau. Un camaïeu iridescent. Un kaléidoscope, indexé sur les valeurs de la vie. Rouge rage, bleu espoir, vert mystère, jaune sérénité, gris baveux de l’ennui qui déborde, blanc incandescent de la surface traversée.
Le plus court chemin d’un point à un autre est : l’absence.
Suis-je seul dans cette pièce ? Dans ce pays, sur cette planète à la lumière éteinte ?
C’est comme ça qu’on essaie de découvrir des extra-terrestres. On leur envoie des signes. A travers l’espace. A charge pour eux de répondre. Sans même savoir s’ils existent.
Ou s’ils sont parmi nous. Echange de rites. Formules rituelles, salamalecs : c’est le cri de la sentinelle : « Qui va là ? »
Il faut donner le code, s’identifier, est-ce l’ennemi ? On ne sait pas. Quand l’autre entre en nous, il est trop tard, et c’est tant mieux : il met tout à sac, et nous sauve de nous, de notre nous trop semblable à nous : au plus profond de moi j’éprouve l’appel du large, que mes habitudes se fassent la malle, que ma routine prennent l’eau, que ma mémoire se dissolve. Etre autre. Tant de gens font tellement semblant d’être toujours eux-mêmes. Arpentent leur cellule, circulaire. Des mots pics, des mots tarières, pour creuser un tunnel sous la carapace de l’ordinaire. Des mots béliers, pour ébranler les conventions. Des mots qui ne disent pas, mais qui questionnent.
Il y a tant de mots pour reboucher les mystères. Au lieu de creuser les questions. On commence à percevoir l’autre quand on commence à ne plus le connaître. Perdre identité, comme on perd pied. Ne plus bien savoir la limite entre soi et l’autre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ami visiteur, je lirai avec intérêt vos commentaires ...