mardi 26 novembre 2024

Les Graines du figuier sauvage, de M. Rasoulof

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Le contraire de Gladiator II. Même s’il paraît saugrenu de comparer les deux : mais ce sont deux exemples de ce que peut produire le cinéma, à peu près à la même période.

Deux films longs, mais ces 2h40 – là ne m’ont pas pesé : cette observation fine de la société iranienne, dans son délire oppresseur, légitimé (comme dans toutes les sociétés !) par le respect des « valeurs morales » (et religieuses) et de la loi, donne à chaque instant à voir et à penser.

Les violences policières sont montrées, sans insistance complaisante, à travers des captations réelles sur des smartphones. La répression qui accable l’Iran depuis la « Révolution islamique » (et succède à celle du Schah)  est démontée, illustrée, à travers l’exemple concret, allégorique, d’une famille : là se rejouent les antagonismes sociétaux, entre le soutien au Régime, aveugle et borné (mais pas désintéressé), et les révoltes, plus existentielles que politiques, de la jeune génération.

La grâce de ce beau film, c’est de nous proposer tout cela sans le poids d’un discours théorique : on voit des gens, juste vivre, ou tenter de le faire. Des gens terriblement comme nous, dans un ailleurs terriblement plus absurde et atterrant.

Juré N°2, de Clint Eastwood

 Bande-annonce Juré n°2  


Du Clint Eastwood sans surprise : solide, bien mené, plaisant à voir, plus intelligent que ses prises de position politiques ... Sur le fond, outre la question "morale" (assumer, ou pas, ses responsabilités ? Eastwood semble suivre la tradition grecque antique : il paraîtrait que, si on tente de se défiler, d'échapper (c'est humain !) aux conséquences de ses forfaits, les Erinyes veillent ...  Il faudrait à la "faute" (supposée) une sanction inévitable. Ça arrange l’ordre social qu’on croie ça : perso, je crois bien que j’aurais sauvé mes fesses), le problème (pas nouveau, mais il n’est jamais inutile de le rappeler, tant de gens s’empressent de l’oublier), qui influe sur la première interrogation, que la « justice », les verdicts, ne sont rendus que par des humains : faillibles, influençables, limités par leurs croyances et leurs intérêts ...

"Trois amies", d'Emmanuel Mouret

   


Savoureux !
Ça devient rare (plus beaucoup de public pour ça ?), les films privilégiant la subtilité, les nuances, l’observation fine et juste de la réalité : en l’occurrence, le jeu complexe des sentiments, ce qui séduit en l’autre, le désir d’aimer, les films qu’on s’en fait.
Comme dans ses films précédents, et notamment Mademoiselle de Joncquières, Emmanuel Mouret chorégraphie joliment le ballet délicat des amours et de leurs (dés)illusions ... C’est léger, c’est profond, c’est drôle. Ça a l’air de ne pas y toucher, et ça touche, infiniment ...

"Gladiator II" : du lourd, et du lourdingue

 Bande-annonce Gladiator II    


C’est du lourd : très lourd. Lourdingue. Scott n’a pas lésiné sur l’artillerie : d’accord, c’est la règle du genre, mais, du début à la fin, c’est un déluge de batailles, combats, charges, assauts ...  Ça vise le public des ados accros à leurs jeux vidéo Pim-Pam-Poum ? Y a des chances que ça cartonne.

Certes, quand on avait aimé Gladiator le 1, on éprouve un soupçon de plaisir et un brin de nostalgie à voir de nouveau se dresser devant nous la Rome Antique ... Au cours de ces 2h28, on peut trouver quelques moments d’intérêt.

Mais de subtilité, point. L’histoire est quasi la même que dans le 1er opus, mêmes situations, mêmes parcours, mêmes étapes. Du cinéma industriel.