mardi 26 novembre 2024

"Trois amies", d'Emmanuel Mouret

   


Savoureux !
Ça devient rare (plus beaucoup de public pour ça ?), les films privilégiant la subtilité, les nuances, l’observation fine et juste de la réalité : en l’occurrence, le jeu complexe des sentiments, ce qui séduit en l’autre, le désir d’aimer, les films qu’on s’en fait.
Comme dans ses films précédents, et notamment Mademoiselle de Joncquières, Emmanuel Mouret chorégraphie joliment le ballet délicat des amours et de leurs (dés)illusions ... C’est léger, c’est profond, c’est drôle. Ça a l’air de ne pas y toucher, et ça touche, infiniment ...

"Gladiator II" : du lourd, et du lourdingue

 Bande-annonce Gladiator II    


C’est du lourd : très lourd. Lourdingue. Scott n’a pas lésiné sur l’artillerie : d’accord, c’est la règle du genre, mais, du début à la fin, c’est un déluge de batailles, combats, charges, assauts ...  Ça vise le public des ados accros à leurs jeux vidéo Pim-Pam-Poum ? Y a des chances que ça cartonne.

Certes, quand on avait aimé Gladiator le 1, on éprouve un soupçon de plaisir et un brin de nostalgie à voir de nouveau se dresser devant nous la Rome Antique ... Au cours de ces 2h28, on peut trouver quelques moments d’intérêt.

Mais de subtilité, point. L’histoire est quasi la même que dans le 1er opus, mêmes situations, mêmes parcours, mêmes étapes. Du cinéma industriel.

"Prodigieuses", de F. et V. Potier : pseudo-rebelles

 Bande-annonce Prodigieuses       


  • Toc. La Famille Bélier joue du Beethoven. Non, un peu moins lourdingue, quand même, mais il y a quelque chose, dans le choix du larmoyant, de l'émotion facile, et, surtout, pour cette fascination niaise pour la "gloire" et le "succès". Certes, le film montre les absurdités violentes de ce "monde impitoyable" de la musique savante : mais sans jamais se décider à se soustraire à ses impératifs bourgeois, tout d'apparences et d' "excellence" prétendue. Narcissisme naïf qui pousse ces deux jeunes filles (réduites à des motifs, sans ombres ni reliefs, personnages sans personnalité) à tous les sacrifices pour en être, malgré tout : "réaliser leur rêve" sans jamais se rendre compte de son inconsistance, de sa vacuité : briller sur scène, la belle affaire. Dubosc en père borné fait le job, mais sa trajectoire est à l'image du reste : que de clichés ! On n'est pas très loin du téléfilm : la soeur chérie mais rivale, la tentation du petit copain, de lieu commun en lieu commun, avec cette morale rance en sous-texte : avec un peu de bonne volonté, tout s'arrange : les pères abusifs sont touchés par la grâce, et les pianos apparaissent tout seuls sur scène, en cas de besoin.
  • Ça n’est pas non plus insupportable : il y a, certes, les morceaux de piano, et un début de commencement de critique de l’obsession compétitive dans l’éducation de ses enfants ... Mais complaisamment ambivalente : elle rend désirable ce qu’elle feint de dénoncer.

mercredi 6 novembre 2024

Antisémitisme : les flous et approximations de la presse, la meilleure façon de ne pas lutter contre le problème

 

Article très idéologique (De l’antisémitisme même en primaire   https://www.marianne.net/societe/education/de-l-antisemitisme-meme-en-primaire-la-fuite-des-eleves-juifs-vers-les-ecoles-privees): vague et orienté. Est-ce la meilleure façon de favoriser la réflexion ? Marianne choisit manifestement son « camp » (pour quelles raisons éditoriales ?), en suggérant un sous-texte récurrent et polémiquement implicite : « tout ça, c’est la faute à LFI et aux musulmans » ...

Augmentation des « actes antisémites » (dont il faudrait d’abord documenter la nature, la fréquence, les circonstances) : de quoi parle-t-on, dans ce fourre-tout qui va de la simple critique de la politique guerrière de Netanyahou à l’agression antisémite réelle, en passant par l’insulte.

Un réel travail de journalisme (plus long. Plus complexe. Moins immédiatement gratifiant ...) documenterait la nature et les processus de ces agressions, ferait le partage entre persécutions réelles et « sentiment d’insécurité » (ce n’est pas parce que quelqu’un « se sent menacé », et quitte une institution ou un pays que le danger est réel : elle reste à attester, et à mesurer. Parfois il l'est : on aurait aimé apprendre dans quelle proportion, et avec quelle gravité).

On aimerait lire autre chose dans les articles, leurs commentaires et les débats, que des invectives généralisantes, des échanges de noms d’oiseaux et de procès expéditifs qui se renvoient les responsabilités. Sur le fond, il resterait enfin à interroger la pertinence et les effets de ces « identités imaginaires », appartenances fantasmées et supposées à des « communautés » prosélytes : « juifs » et « palestiniens », comme Bretons et Basques, Berbères, tous ces irrédentismes compensatoires qui prétendent séparer les humains, les penser en « ethnies » plutôt que prendre en compte les processus complexes, sociaux, politiques, anthropologiques.