jeudi 12 juin 2014

Vision



eau coulé beaucoup fort. pas mistral eux glissé. Poing fendu aux ormes de ma mère. Abarricadé. Mélanie ta konoupé. Ofouli sa nissa. Corneilles a pas milé, tanapa sirocco. Escanope, hiloupète, Assurbanipal a pas mis tonoké.
Milangé, fantaisie a soupir, au revoir.
Au revoir, elle dit. Ses cheveux frisent blond, sur sa tempe qui bat.
Elle a l'œil qui s'éclaire de lacs mystérieux. Elle voit l'autre versant, l'herbe dorée de lune. Les tiges qui s'agitent et le vent qui fraîchit. Elle voit l'autre bord, idéal, au plus de la frontière.
Sa taille est souple d'un sourire qui bat.
Je la regarde bouche ouverte. Jamais je n'ai contemplé une telle eau de fontaine. Mélopée sa banka. Otononé Sana ! J'entonne au fond de ma gorge le kananké, le chant victorieux des lions tués. Là, le bitume se fissure, et se ride de radicules, les lianes s'encroisent d'une verve végétale, secouent la rue de leur chaos ravi, le monde salue la foulée pure d'une princesse.

mardi 27 mai 2014

Parfums ...



               Parfums de femmes fragrances la tête tourne senteurs de sein odeurs de peau d’épiderme suave d’épaule nue douceur du bras le long fil de la colonne s’incurve dans les reins à flairer lentement le corps on retrouve l’être.
            Autrement que par la parole autrement que par le regard émotion débarrassée du sens l’identité subtile se révèle dans sa nudité de chair le corps dans sa gloire dépouillée se met à parler.
               Il sent encore son parfum dans la voiture elle est un peu là diffuse dans sa présence de femme imaginée on ne peut que rêver les femmes elles nous échappent elles se dissolvent lorsqu’elles commencent à bouger à exister elles n’existent plus une femme n’est là que dans son absence ou dans l’abandon de sa chair femme imaginaire comme le bruit d’un pas qui décroît (les femmes ont des talons qui claquent pour qu’on les entende s’éloigner) ou d’une voix dans la pièce d’à côté Approcher le parfum d’une femme c’est entrer dans son être commencer le chemin qui mène vers le creux de son ventre au centre de son oubli
                      il aurait aimé aussi sentir du mimosa.

Char qui dans son orbe se lève



Char qui dans son orbe se lève
Mirage, tours dressées
métal torve
Suppositions antiques
Je scande ta mémoire
et le choc de ta promesse
Révélation nimbée de l’aube
pâles rues advenir
chair douce et parfumée
tendre missive
image aperçue au fil du rêve
Soupir
Impossibilité première
Serment sacré
ébauche du commencement

mercredi 21 mai 2014

ascension



La neige nage en octobre.
En novembre le fruit rouge.
En janvier la passion, clinquebarde, cliquetique, se désimbroche.
Nous n’irons plus au
Sur les nuages l’iris effilé observe
Il n’est pas d’hier que nous soyons ici
Nous, Sauvages,
Embuscanés, tatoués de neuf et sarbacanes
Pfffuit !
Entre les herbes, hautes, et tranchantes,
J’ai filé mon trait.
Au haut du Mont Obscur suspend un Soleil rouge
Comme un disque de fraise
iridescent.

Deuxième station.
Les porteurs nus ahanent sur la pente
La fournaise leur cuit la couenne
ils montent
Impala les conduit
Il est le Guerrier de Lumière
Par sa bouche rugit la caverne sous la montagne
Et les autres le suivent sans broncher
On entend leur souffle court
le bruit des peaux
le bruit des pierres sous les pieds
La cohorte
L’effort
La montée difficile
Les épineux zèbrent les chairs
Perle le sang
Vers on ne sait où.

Troisième station.
La hampe des lances scande la marche.
O-ho !
Impala libère la voix des hommes.
O-ho !
En cadence le souffle feutré feule de leur gorge
et soutient les pas
soulève les pieds éventrés par la pierre
élève les épaules accablées du fardeau
les peaux brûlent sous le dard solaire
Au chant qui rythme les pas elles exhalent une poussière qui
fait une barrière au feu qui repousse la flamme comme la montée
chaque pas repousse la pesanteur inexorable le carcan qu’ils ont
sur les épaules qui écrase leur âme ils s’élèvent
Les rythmes entrecroisés des souffles et des chants et des cannes et
des pas et des peaux les élèvent
et au-dessous, loin déjà, la plaine s’amenuise
Comme un long sommeil allongé

Sous la meule du temps se broie l’ombre des jours
A eux-mêmes pareils
L’ombre vaincue des jours horizontaux.
Ils ont quitté son ombre froide.
Impala a brandi la sagaie
cri vertical.
Ils se sont hissés,
à force de poussière et de sueur
jusqu’au sommet de leur fatigue.
Ils sont si haut que leurs regards n’embrassent plus qu’une
éternité de nuages
Là-haut il n’y a rien, plus d’herbe et plus de vie,
que le silence de pierre
Plus de mémoire
Que le froid sur leur peau qui doucement éteint le brasier
dans  les corps
L’Absence