Belle et joyeuse adaptation d'un épisode de Jacques le Fataliste, de Diderot. Les tribulations de l'amour, ou le libertin persécuté ... Toute l'insolence morale et intellectuelle de Diderot dans ce jeu de masques (et de dupes), élégamment servi par Edouard Baer et Cécile de France, très à l'aise dans les décors raffinés du XVIIIe siècle (bel accompagnement musical) et sa langue élaborée. Renversements multiples (comme il se doit en amour), illusions et cruauté, chasseur et chassé échangent leurs places, et la tendresse surgit là où on ne l'attendait plus ... Moment délectable.
écritures, gamberges, perplexités, fourvoiements, réactions, montées au filet, montées en température, descentes aux envers, escalades à cloche-pied ... explorations ...
dimanche 23 septembre 2018
samedi 15 septembre 2018
Première Année, de Thomas Lilti
Film drôle-grinçant sur l'univers des étudiants : et regard implicite politique-sociologique, les phénomènes de sélection-reproduction des classes sociales (évocation du sociologue Bourdieu).
Quant au dénouement : certains spectateurs s'empressent, avec toute la niaiserie de l'égocentrisme ("si ça m'a pas plu, c'est que c'est mauvais"), de le critiquer. Il me semble plus enrichissant d'en interroger l'intérêt : très plausible psychologiquement et annoncé dans l'évolution du personnage, il fait écho, également, à sa prise de conscience de cette reproduction sociale dont il "bénéficie" (mais qui lui pèse, obère l'invention de son propre avenir). Ni "conte de fées" ni "sacrifice", il se libère au contraire de l'héritage pesant du père.
samedi 16 juin 2018
Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, d'Ilan Klipper
Réjouissant, drôlatique, revigorant, excitant ! Happening débridé, face à face joyeux entre "la Raison" raisonnable, raisonnante, mais passablement ébranlée, et "la gaie folie", si l'on veut, le Verbe en slip, supérieur et chancelant, aussi glorieux que ridicule.
On quitte le plancher des vaches (sa Coupe du Monde, ses macronismes) pour 77 (trop) courtes minutes, ça nous transporte ...
Retour à Bollène, de Saïd Hamich
On suit avec plaisir et intérêt ce retour de l’enfant
prodigue (le thème n’est pas sans rappeler celui de la très belle pièce de
Nasser Djemaï, Vertiges), retour sur
ses traces, regard paradoxal : c’est la Provence (celle des « quartiers »,
du traditionalisme musulman et de l’extrême-droite) qui devient « l’étranger »
où on voyage, qu’on observe, comme un processus curieux et inquiétant. Pas d’idéologie
ni de prosélytisme dans le regard du réalisateur, mais une tendresse inquiète,
critique et désabusée.
Un film « simple » (et court) par sa forme, qui
suggère beaucoup, dessine les ombres possibles du futur, et, avant tout, (nous)
s’interroge.
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