Les reproches formulés à l’encontre
de la classe politique (non sans raison) me semblent buter sur ce point : ils
prêtent à l’être humain (comme beaucoup de gens, et beaucoup de politiques dans
leur discours) une capacité de pouvoir a priori sur le monde ; c’est une
vision idéaliste (au sens philosophique du mot) dont on a montré l’inefficacité
en termes de compréhension du réel.
Je m’explique. Croire que les
politiques (quels qu’ils soient ; vous, ou moi, demain) puissent (et donc
devraient) par leurs décisions supprimer le chômage, la pauvreté, la faim dans le
monde ou la guerre, c’est méconnaître les mécanismes complexes qui provoquent
et font évoluer ces maux.
D’une certaine façon, c’est
paradoxalement rassurant de le croire (et donc de le leur reprocher, de se
servir d’eux comme exutoires), puisque ça permet de croire aussi que d’autres
hommes politiques (lesquels ?), plus « vertueux » ( ?),
eux, réussiraient … Et on espère en Mitterrand, en Obama, en Chavez, etc. Et on
est déçus, et surpris, et on râle. Et puis on recommence.
La réalité est beaucoup plus
effrayante, et il serait temps de passer à une conscience adulte, où les causes
de nos problèmes ne soient pas des « méchants » (Dark Vador !)
qu’il faut juste remplacer par des Gentils. Ça s’appelle la conscience
politique, et ça passe par une étude des connaissances historiques,
sociologiques, anthropologiques … Je sais, c’est long et compliqué. Il est plus
facile et rigolo de vilipender Truc ou Machin.
Et donc, oui, en 33, comme en
2002, il se passe des choses, en gros les mêmes : la majorité des gens se
détermine (inconsciemment) en fonction de paramètres matériels et « égoïstes » :
leur niveau de vie, salaire, coût, espoirs d’évolution, sentiment de sécurité. Quand
ces paramètres atteignent un seuil critique, mécaniquement les « bactéries »
attaquent l’organe blessé, jouent sur le réflexe xénophobe, identitaire pour
essayer de rafler la mise. Ça se faisait déjà du temps de Rome, ou du Haut
Empire égyptien !
Ça n’exonère pas Hollande ou
Sarkozy, Bayrou, etc. Mais, soyons un peu auto-critiques, ils sont juste comme nous :
dépassés, et trop vaniteux et accrochés à leurs avantages pour l’admettre. Les électeurs
(nous …) leur demandent de grands discours pleins de rodomontades, papa
rassure-nous, yes we can … No, I’m afraid we don’t.
Un peu de courage, que diable, et
de lucidité : on ne peut pas à la fois vouloir « moins de dépenses
publiques » … et plus de policiers-infirmières, des classes moins chargées !
Moins d’impôt, mais pas moins d’entretien des routes, des trains. Continuer à
vendre des armes (et ainsi combler le déficit) et ne pas nous faire tirer dessus
avec.
Pour finir, je ne suggère pas dit
qu’il n’y aurait rien à faire : déjà, lire sur ces sujets complexes les
articles qui renseignent vraiment … (j’en partage pas mal sur ma page Facebook,
ces temps-ci) Cesser de réclamer l’arrivée du Père Noël, comprendre la
complexité du problème au lieu de se défouler sur des cibles commodes, voir nos
propres contradictions (comment un Président, quel qu’il soit, pourrait-il
prendre des mesures ? Dès qu’il essaie de le faire, il subit une révolte
massive de la partie de la société qui y perd … Ceux qui fantasment la
politique semblent croire que « y a qu’à ». Est-ce qu’ils se posent
la question : toi président ( !), voyons, tu fais comment pour faire
accepter telle mesure ?)
Yes, we have to.
Nécessité
de la complexité de nos approches et discours. Ne pas se résigner, ne pas non
plus croire béatement aux lendemains qui chantent, ou aux Hommes Providentiels.
On a les représentants qu'on mérite ... (veules, opportunistes, intéressés,
superficiels : ils nous "représentent" bien ! Et c'est cette moche
image de nous que nous ne supportons pas de voir, que nous leur reprochons ...)