dimanche 10 février 2013

Le chant du sabre





                       Vague d'Orient
                        perle du désert
                        souffle de vent
                        Sabre d'éclair.
                                               Virtuosité du néant
                                               Vertige circulaire du silence.
                        L'ondulation lente de la femme,
                        voilée de charmes,
                        Ses pieds foulent le sable
                                               Et je hume,
                                               âcre supplice
                                               les parfums de sa peau.
                        Dans l'aube tiède et bleue
                        les coupoles et les dômes des mosquées
                        s'abandonnent au fil des temps du sable
                                               Et sa chair m'étourdit
                                               d'un étonnant bonheur
                        Et je tourne je tourne au sein de ma langueur
                        du vertueux vertige de ma contemplation
                                               chaste concupiscence
                                               et désir de tiédeur.
                        Prière de l'eau, prière du feu
                        Dévorateur,
                        J'imagine la fée qui viendra,
                        ô fée !
                        Demain la fée, je verrai la fée ! chantonne l'enfant perdu
                        aux ombres qui passent
                                               et se déploie l'espace des rêves dévoilés.

Kinan Azmeh (ethno-jazz)

Kinan Azmeh clarinette
Basel Rajoub saxophone
Feras Charestan qanûn
Jasser Haj Youssef Violon, viola d'amore
Khaled Yassine percussions


chouette concert, doux, prenant : beauté des sons qui convaincrait peut-être les derniers imbéciles (encore nombreux !) à croire au "choc des civilisations" qu'il n'existe que le Choc de la civilisation, l'émerveillement que savent créer les hommes, et partager ...
beau son. la caresse veloutée de cette clarinette. sans fin

dimanche 27 janvier 2013

la malédiction



Il faut de nouveau la chasser de mon esprit. Elle y est revenue comme un démon chinois, toute colère, tout mépris, demande muette, besoin informulé qui te rend coupable de ne pas l’entendre. Elle impose ses lois, sa façon de jouer. Tu te demandes : comment aurait-elle voulu que je me comporte, ta volonté est abolie, tu as oublié qui tu es. Immobile elle assiste à la pantomime que tu exécutes malgré toi autour d’elle, tu tournes en toupie autour de son vide.
            Elle te possède et tu n’es rien : tu n’es rien qu’elle veuille posséder. Tu ouvres ta main, elle est vide, il n’y a que de l’absence entre vous, et du silence dans vos paroles.
            Tu es allé fouiller sa tombe et tu en as évoqué le spectre blafard, qui maintenant te fixe de ses yeux morts. La nuit lui est propice ; si tu survis à la terreur peut-être le retour du jour demain dissipera ses cendres.


            Tu risques de croire que la femme est malédiction. Qu’elle ne peut être que ça ou ça. Que ce corps blanc de désir, offert à ton attente, exposé, tentateur. Dérobé. Ou ce regard de cendre, cette imprécation muette dont le cri déchire tes oreilles pour l’éternité. Noli me tangere. Tu entends les chacals au-dehors reprendre son cri de louve. Elle brandit le glaive de la vengeance, tu ne trouveras nul village où te réfugier, partout tu perçois la clameur meurtrière de la foule qu’elle dresse contre toi. Nul repos, nul bonheur, sa haine froide et désolée te débusquera dans ta moindre tanière.


            J’ai remonté, une ultime fois, ces escaliers de la mort, la peur au ventre. J’avais ces livres à lui rendre. J’avais mon livre noir à reprendre, toute la sagesse heureuse du Tao Te King, resté entre ses mains comme une parcelle de ma chair, par quoi elle gardait pouvoir sur mon âme. Je ne pouvais pas lui laisser ce livre, ou alors il eût fallu trouver un moyen de le brûler. C’est un livre au cuir épais noir, aux pages de vélin ornées de bambous légers, la tranche en est dorée à l’or fin. Mais il n’est pas sûr qu’il soit demeuré exempt de sa sorcellerie. Nous avions, avec amabilité, convenu du rendez-vous. Je n’avais pas de raison d’avoir peur, et j’avais peur.

Tajines et couscous




Un excellent resto marocain dans le Quartier Latin : Cuisine savoureuse, fine, cadre raffiné ; et l'accueil est sympathique. Un très agréable endroit !